Charline Schwarz apprécie l’amitié franco-allemande... et les croissants
ATHLETE SPOTLIGHT est présenté par WIAWIS.
C’est avec un sourire franc, suivi d’un petit rire gêné qu’elle prononce ces mots: “Je ne parle pas français.”
L’archère allemande Charline Schwarz, numéro 16 mondiale, est présente à Paris pour les Jeux Olympiques 2024. Un évènement hors normes, qui reflète une symbolique particulière pour la jeune femme, elle qui tire dans l’hexagone pour le club de Compiègne.
Pourtant, la langue de Molière semble lui donner plus de fil à retordre qu’une arène et ses cibles à 70 mètres.
“Mon français est vraiment mauvais,” s’excuse-t-elle presque.
“Et en fait, j’ai du mal à m’imaginer apprendre la langue. La prononciation est tellement difficile… Et puis, tous les internationaux français parlent très bien anglais!”
La France a néanmoins une place à part dans le cœur de l’archère de 23 ans. La relation franco-allemande lui est chère, de même que ses coéquipières à Compiègne.
“Nos deux pays sont amis, après tout,” expose-t-elle.
“Les Allemands peuvent parfois être un peu stricts et rigides, alors que l’atmosphère en France est plus détendue. Durant les compétitions, on se concentre sur le fait de prendre du plaisir.”
Si Schwarz apprécie particulièrement les week-ends de compétition avec son club, elle avoue trouver son péché mignon dans… les viennoiseries.
“Je pense que mon truc préféré en France, ce sont les croissants,” assure-t-elle. “Lors de ma première année à Compiègne, il y avait la pandémie de Covid, on ne pouvait pas sortir. Mais dès qu’on a pu, je suis allée dans une petite boulangerie acheter mon premier vrai croissant.”
“Je m’en souviens encore aujourd’hui, il était tellement parfait, c’était presque surréel!”
Ces souvenirs, Charline Schwarz ne les aurait évidemment pas sans le tir à l’arc, une discipline qui a toujours fait partie de sa vie.
Née à Nuremberg, en Bavière, la jeune Charline grandit sur les pas de tir, dans les clubs de tir à l’arc, commence à tirer très jeune. Elle rêve alors déjà de Jeux Olympiques.
“Les gens me racontent comment, petite, je disais que je voulais participer aux Jeux,” se remémore-t-elle.
En 2016, elle observe avec avidité sa compatriote Lisa Unruh remporter sa médaille d’argent en individuel lors des Jeux de Rio. Une finale marquante.
“C’était un super match,” se souvient Schwarz. “Je suis passée par tant d’émotions! Je m’en rappelle encore.”
Arrivée sur le circuit mondial, la jeune Allemande fait alors tout pour réaliser son rêve olympique. C’est par équipe qu’elle remporte sa première médaille, l’argent par équipe, aux Championnats d’Europe à Antalya en 2021.
Une saison à part pour Schwarz, puisque, pour ses tous premiers Jeux, à Tokyo, elle est médaillée de bronze, toujours par équipe.
La suite? Des podiums qui s’enchaînent, toujours avec ses coéquipières de la sélection germanique. Chaque année, les Allemandes montrent leur niveau, ainsi que leurs ambitions.
Un parcours qui la mène forcément à se préparer pour les Jeux de Paris 2024.
Les douze derniers mois furent notamment très intenses, comme elle le dit elle-même. Pour pouvoir trouver une forme optimale, mentalement et physiquement, en arrivant dans la capitale française.
“Le processus de sélection allemand a été long, stressant,” détaille-t-elle. “Ce fut très difficile de gagner ma place. Les archères allemandes sont très fortes, ça a été intense.”
“Quand j’ai obtenu ma sélection pour les JO, je me suis d’abord sentie soulagée. Je me suis dit que les dix dernières années de dur labeur ont valu le coup. Puis, je me suis sentie très heureuse d’avoir atteint mon objectif.”
“Mais j’ai ressenti aussi beaucoup de tristesse, pour les coéquipières qui n’ont pas réussi à se qualifier,” ajoute Charline. “Nous formons toutes une équipe, j’ai beaucoup pensé à elles.”
Arrivée en France avec de l’ambition, l’archère allemande espère forcément se parer d’une nouvelle médaille à l’issue des Jeux. Mais pour ce faire, elle devra rester dans sa bulle, la sienne et celle de l’équipe, sa plus grande chance de podium olympique.
“Je veux pouvoir dire, après les JO, que j’ai fait de mon mieux, que j’ai atteint le maximum de mes capacités,” assure-t-elle. “Je veux me sentir contente de mon tir.”
“Bien sûr, le but est de gagner une nouvelle médaille. Mais c’est un résultat qui ne m’appartient pas entièrement, cela dépend aussi de toutes les autres archères. Donc je veux me focaliser sur moi, et advienne que pourra.”
La route de Charline Schwarz et de l’équipe allemande pourrait bien croiser celle des Françaises. Car si l’épreuve féminine par équipe est une vraie chance de podium pour l’Allemagne, c’est aussi le cas pour les archères tricolores.
Et ce ne serait pas le premier coup d’essai entre la France et sa voisine d’outre-rhin: en 2023, chez elles à Berlin, Schwarz et ses coéquipières Michelle Kroppen et Katharina Bauer avaient remporté les championnats du monde en battant les Françaises 5-3 en finale.
Une rivalité qui existe sur le pas de tir, mais pas en-dehors, selon Charline.
“J’ai une très bonne relation avec l’équipe de France,” assure-t-elle. “Je suis toujours heureuse de les voir en compétition et on partage de bons moments.”
“On se souhaite toujours du succès les unes aux autres. C’est d’ailleurs une chose que j’aime dans le tir à l’arc et dans les relations franco-allemandes.”
“Je n’aurais pas de message particulier à leur adresser pour les Jeux,” poursuit Schwarz. “Simplement que je nous souhaite à toutes de faire une belle compétition.”
Sortie 45e des qualifications, ce jeudi 25 juillet sur le pas de tir des Invalides, Charline espère surtout que son lien avec la France ne fera que se renforcer au cours de ces Jeux Olympiques parisiens.
“J’aimerais juste dire au peuple français que je suis désolée de ne pas parler la langue,” assure-t-elle. “Mais je suis très heureuse pour tous ceux qui seront devant leur télé, ou à Paris, pour voir du tir à l’arc et tous les autres sports.”
“S’il-vous-plaît, encouragez-nous, nous autres archers; vous pouvez aussi m’encourager, si vous voulez! (rires)”
“Honnêtement, je souhaite juste que tous les Français vivent un grand moment.”
Un souhait que l’on ne peut que partager. Quant à Charline Schwarz, qu’importe le flacon, pourvu qu’elle ait l’ivresse.