Guillaume Toucoullet, fidèle à lui-même à Paris, se concentre sur l’instant présent

Toucoullet clinched first seed after qualifying.

ATHLETE SPOTLIGHT est présenté par WIAWIS.

Il a soigné son entrée. Présent sur le pas de tir aujourd’hui en ouverture des Jeux Paralympiques de Paris 2024 pour les qualifications en arc classique hommes, Guillaume Toucoullet s’est adjugé la première place, avec en prime le record paralympique avec 652 points.

Une performance qui prend encore plus de relief lorsque l’on sait qu’il y a sept ans, le Français n’avait jamais pratiqué le tir à l’arc. Au fil des années, sa relation avec la discipline a pris un sacré tournant.

De ses propres dires, avant, il pensait que le tir à l’arc n’était pas un vrai sport. Maintenant, il est double paralympien et vise la médaille d’or dans l’arène des Invalides.

Aujourd’hui j’en rigole parce qu’en fait, je me trompais complètement, raconte-t-il avec le sourire.

Ce n’est certes pas un sport à haute dépense énergétique, mais c’est un très, très beau sport.

Le natif de Bayonne, dans le Pays Basque français, a toujours accordé au sport une place prépondérante dans sa vie.

Adepte de la pelote basque, il s’est ensuite tourné vers l’aviron. Avant son accident de la route, en 2010, qui change tout.

Guillaume perd l’usage de son bras gauche. Pour se reconstruire, il n’imagine alors pas une seconde se passer du sport.

Tout ce que je savais, c’était que je voulais reprendre l’aviron,” se remémore-t-il. “Je savais que j’avais perdu mon boulot, une partie de ma vie. Mais je savais aussi que ma reconstruction passerait par le sport.

Guillaume Toucoullet's left arm was left paralyzed.

Le Basque revient sur son parcours de vie avec philosophie.

Malgré les douleurs qu’il ressent encore, souvent, dans son bras inerte, il garde un regard lucide, plein d’espoirs sur le handicap. Et sur ce qui permet d’aller au-delà.

Parfois,on peut avoir l’impression qu’on est seul, mais on ne l’est jamais; c’est nous qui nous mettons à l’écart, confesse-t-il. Les autres nous aident à dépasser notre handicap.

Quand on est porteur de handicap, on peut se sentir mal à l’aise, avoir peur du regard des autres. Le sport est un très bon moyen de se dépasser et de prendre confiance en soi.

Raison pour laquelle Guillaume n’a attendu personne pour reprendre le chemin de l’effort physique. Un élément qui lui fut salutaire.

Alors que je me faisais encore opérer, que j’étais en zone de rééducation, je partais déjà en randonnée à la montagne, j’étais à la salle de musculation. J’ai très vite remis le pied à l’étrier. Mais je ne me serais vraiment pas imaginé olympien.

Et pourtant. Dix plus tard, Guillaume Toucoullet devient athlète paralympique.

Un rêve qu’il avait tenté d’atteindre via l’aviron, mais les portes de l’olympisme s’étaient refermée devant lui. C’est à la suite de cela qu’il découvre le tir à l’arc, avec une technique qui le laisse pantois, au premier abord.

Quand on m’a dit ‘tu vas tirer à la bouche’, je n’y ai pas cru! Je disais ‘mais non, ce n’est pas possible’. Et si, c’était possible. J’ai adoré les sensations.

Ce qui m’a fait accrocher avec le tir à l’arc, c’est la beauté de l’arc, et le défi de tirer à la bouche,ajoute-t-il.

The mouth-shooting technique.

Fasciné par les athlètes olympiques, notamment les coureurs du 100m en athlétisme, Guillaume devient lui aussi olympien, lors des Jeux Paralympiques de Tokyo, en 2021.

Une aventure exceptionnelle pour lui, mais qui tourne court côté compétition. Sorti dès le premier tour de la phase éliminatoire par le Britannique David Phillips, le Français repart du Japon avec des idées pleins la tête. Et des objectifs.

J’ai retenu pas mal d’enseignements: il fallait que je connaisse un peu mieux mon matériel et que je mette des choses en place dans mon entraînement pour être plus performant.

Après Tokyo, Toucoullet enchaîne. Médaillé d’argent aux Championnats du Monde de para archerie de Dubaï en 2022, puis aux Championnats d’Europe de Rotterdam en 2023, il arrive à Paris avec le plein de confiance.

Désormais, l’homme de 39 ans n’a qu’une idée en tête: remporter une médaille paralympique.

Et son début de compétition prouve sa détermination, lui qui se concentre avant tout sur la compétition, malgré la charge symbolique des Jeux organisés dans son pays.

Sportivement, je ne le vis pas différemment de Tokyo, assure-t-il. Ça reste les Jeux, la plus belle compétition sportive au monde.

“Après, le gros plus, c’est que toute notre famille, nos amis, nos collègues de boulot peuvent être présents pour nous soutenir.”

Toucoullet on the field at Les Invalides, in Paris.

À Paris ou ailleurs, Jeux Paralympiques ou pas, Guillaume Toucoullet garde la même approche de l’archerie. Sa relation avec son arc, son tir, il la décrit presque poétiquement.

Je suis obligé d’être dans un registre très prosaïque dans le tir à l’arc parce que je n’ai pas de repères visuels, expose-t-il. “De repères corporels sur une partie du tir, sur tout le bloc arrière.

Je me crée une ligne virtuelle, j’essaie de garder ce lien avec la cible le plus longtemps possible. Par moments, c’est difficile, mais du coup, pour moi, tirer à l’arc c’est comme être en transe.

J’essaie de m’amuser, je ne suis pas là pour me prendre la tête. J’aime tirer à l’arc, j’aime faire de bonnes flèches et ça restera mes seuls objectifs. Si je mets en place tout ça, il y aura potentiellement une médaille.

Après des qualifications parfaitement réussies, Toucoullet partira à la conquête du Graal le 4 septembre prochain, pour la phase éliminatoire de sa catégorie.

S’il repart de Paris avec une breloque autour du cou, il y aura forcément de l’émotion, eu égard à son histoire de vie, les épreuves endurées, les obstacles franchis.

Pourtant, lorsqu’on lui pose la question, le Français assure se concentrer sur l’instant présent. Fidèle à lui-même.

Je n’ai pas trop conscience du chemin parcouru, confie-t-il. “C’est plutôt mon entourage qui me dit que c’est extraordinaire.

“Moi, je vais juste de l’avant, je me dépasse, c’est ma façon d’être. J’essaie de donner le meilleur de moi-même dans tout ce que je fais.”

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