L’été de rêve et les ambitions de Lisa: “Des moments où je me sens indestructible”
ATHLETE SPOTLIGHT est présenté par WIAWIS.
Avec trois médailles glanées durant un été conclu par une participation à la Finale de la Coupe du Monde Hyundai au Mexique, l’archère classique française Lisa Barbelin regarde désormais vers les Jeux de Paris 2024 avec ambition.
Sa saison avait débuté avec le bronze par équipe lors de la première étape de Coupe du Monde à Antalya.
C’est pourtant par un avertissement qu’avait démarré l’été de Lisa Barbelin, l’entraîneur coréen de l’équipe de France lui ayant fait comprendre que si elle n’augmentait pas mon niveau, elle ne partirait pas aux Championnats du Monde Hyundai de tir à l’arc à Berlin.
Le coach renommé Oh Seon Tek qui adresse une telle remontrance à la numéro 1 française, il y a de quoi faire hausser plus d’un sourcil. Mais grâce à cela, tout s’est enchaîné “pour le meilleur”, selon elle.
“Il m’a dit ça aux Jeux européens [à Cracovie] et il y a eu un déclic,” se souvient Lisa. “J’ai fait plein de changements techniques pour augmenter drastiquement mon niveau en ayant hyper confiance en ce que je fais.”
Le résultat a été quasiment immédiat: médaillée d’argent par équipe lors de cette épreuve continentale, la Française a continué progressivement sa montée en puissance.
“Ça me fait l’effet d’une continuité parfaite. Avant les Jeux européens, j’avais un niveau qui était bon, mais un peu en dents de scie. À l’heure actuelle, mon niveau est bon – même très bon comparé à avant – mais de façon beaucoup plus linéaire.”
Tout n’était en effet pas à jeter arrivé juin, puisque la saison avait commencé par un podium pour l’ouverture de la Coupe du Monde en Türkiye.
Barbelin, Audrey Adiceom et Caroline Lopez, alors parées de bronze, ont ensuite progressé étape par étape pour aller chercher une médaille de plus aux mondiaux de Berlin, en argent cette fois.
Le meilleur résultat de l’histoire de l’équipe de France féminine d’arc classique.
“Tout arrive à point nommé,” détaille Lisa. “Les médailles avec les filles m’ont donné un boost de confiance exceptionnel.”
Tout ce parcours par équipe a donc forcément conditionné la jeune archère de 23 ans.
À l’heure de se présenter à la dernière étape de Coupe du Monde à Paris, servant également d’épreuve test pour les Jeux Olympiques, elle a décroché une médaille d’argent pleine de saveur.
“J’ai l’impression d’avoir toutes les cartes en main pour Paris [2024],” dit-elle confiante. “Aujourd’hui, je sens que tous ces évènements ont été hyper formateurs et que j’ai pu trouver les solutions pour être meilleure.”
Ces résultats probants, la native de Moselle les doit à son abnégation, à son talent, mais aussi à son travail avec ses entraîneurs.
“Je travaille sur le fait d’être toujours plus relâchée, d’avoir le moins de mouvements parasites possible,” explique-t-elle. “C’est un travail au quotidien avec mon entraîneur Manu [Jean-Manuel Tisoni] et avec Monsieur Oh qui chapeaute un peu tout ça.”
Avec l’entraîneur en chef coréen qui ne parle pas français, ils ont développé une sorte d’argot, un mélange de coréen, de français et d’anglais.
“Il apporte beaucoup sur le plan technique. Je force moins, tout est plus facilement reproductible.”
“Il apporte une constance dans le haut niveau.”
Malgré sa défaite en finale de l’étape parisienne, sur le magnifique (futur) site olympique des Invalides, au sein de la capitale française, Barbelin a donc montré qu’elle est sur la bonne voie.
“Je me sens super forte. Je peux développer des moments où je me sens imbattable, indestructible.”
“J’ai souvent cette sensation quand je suis à un très bon niveau: que rien ne peut se passer.”
Selon elle, c’est sur cet aspect mental qu’elle a le plus évolué, entre ses débuts sur le circuit mondial et ses résultats actuels.
“La Lisa des débuts avait peur de tomber contre des filles plus fortes qu’elle,” admet-elle. “Notamment des filles d’Asie, parce que je savais qu’elles avaient un niveau drastiquement supérieur au mien.”
Celle d’aujourd’hui sent qu’elle peut y arriver, que tout est possible.
Les performances de Barbelin lui ont donc ouvert les portes de la phase finale de la Coupe du Monde, à Hermosillo, au Mexique. La toute première de sa jeune carrière. Comme une façon de finir son été en apothéose.
“C’était une compétition vraiment exceptionnelle,” dit-elle. “Je suis très heureuse et très honorée d’avoir eu l’opportunité de jouer dans ‘la cour des grands’, comme je l’appelle.”
“Ça a été une semaine vraiment très formatrice.”
Une expérience où la Française a pu aussi mesurer tout le chemin qu’il lui reste à parcourir pour aller titiller les meilleures archères du monde.
Sa défaite dès les quarts de finale sans appel, 1-7, face à la Coréenne Lim Sihyeon en est la preuve.
“J’ai fait de super performances à l’entraînement, je me sentais prête à aller gagner ce match,” se remémore-t-elle. “Et pourtant je me suis laissée avoir par mes émotions.”
“D’habitude, j’ai le temps de gérer tout ça. Là, il a fallu que je sois tout de suite prête et c’est ce qui m’a coûté mon match.”
Mais Lisa a pleinement goûté l’expérience et assure en avoir tiré toutes les leçons nécessaires.
“Ce sont des défaites hyper formatrices, comme celle aux Jeux de Tokyo contre Alejandra [Valencia] en huitièmes de finale,” confirme la Française. “J’ai pu trouver plein de pistes pour être encore meilleure.”
“Sans cette défaite-là, sans celle d’Hermosillo, j’aurais été difficilement au niveau auquel je suis actuellement.”
Désormais forte de ses belles performances estivales, dans une forme resplendissante, Barbelin a le regard rivé vers l’été 2024 – celui de ses Jeux olympiques, chez elle à Paris – prête à atteindre le firmament de son tir.
Pour cela, elle travaille à réaliser de très grosses performances à l’entraînement, avec des séries entre 340 et 345 points, tout en essayant d’emmagasiner des matchs à très haute performance.
Alors qu’elle est en train d’acquérir ces compétences, il y aura ensuite tout un travail mental également.
“Il faut que j’aille chercher encore plus de conviction et de confiance dans ce que je fais,” analyse-t-elle. “Pour pouvoir être certaine que chacune de mes flèches fera 10.”
“Je sais que je suis capable de faire un 10 à chaque flèche, mais pour y arriver, il va falloir que j’arrive à me détacher de la performance et à rester uniquement sur ce que moi j’ai à faire, sur l’instant présent.”
Si elle y parvient, Lisa Barbelin pourra alors rêver d’or aux Invalides.
Maintenant qu’elle a vu de près les étoiles, la Française compte bien aller décrocher la lune.
À Paris, le public sera là pour elle, et il sera incroyablement porteur.
“Grâce à ses encouragements, avec cette confiance que j’ai acquise, avec les expériences rencontrées sur ma route, et si je joue toutes mes cartes dans le bon ordre, il ne pourra rien m’arriver.”