Oh Kyo-Moon: D’athlète légendaire à entraîneur de niveau mondial
Après avoir rejoint l’équipe nationale coréenne pour la première fois dans les années 1990, Oh Kyo-Moon a fait partie de l’équipe qui a remporté le titre de championne du monde en 1995. Sa plus grande victoire en tant qu’athlète a été de remporter la médaille d’or par équipe lors des Jeux Olympiques de Sydney 2000, suivie quatre ans plus tard d’une médaille d’argent par équipe et d’une médaille de bronze en individuel à Atlanta.
Oh a détenu le record du monde de l’épreuve de qualification en 144 flèches pendant neuf ans, de 2000 à 2009, et il est connu des fans de tir à l’arc les plus âgés comme étant peut-être le premier Coréen “cool” sur le circuit. Il avait un style naturel et une assurance qui l’ont fait être apprécié de beaucoup.
“Quelle est la différence entre les archers de ma génération et les archers d’aujourd'hui? Je pense que les standards sont beaucoup plus élevés maintenant. On le voit aux scores. Le matériel est meilleur qu’il l’était de mon temps; particulièrement les branches,” a-t-il dit le jour de l’épreuve de qualification lors d'une étape de la Coupe du Monde Hyundai de tir à l’arc à Antalya.
Après avoir pris sa retraite en tant qu’archer, Oh a été l’un des nombreux athlètes qui ont poursuivi leur carrière en tant qu’entraîneur.
“Le parcours habituel pour les entraîneurs est que, lorsqu’un archer approche de la retraite, il va entraîner dans une école primaire ou un collège, même si certains passent directement aux équipes professionnelles,” explique-t-il.
“Ça dépend vraiment. La plupart des entraîneurs se concentrent sur une seule équipe, ce qui peut représenter de deux à dix personnes.”
“Bien sûr, en Corée nous avons beaucoup d’entraîneurs parmi les meilleurs, ainsi que d’archers parmi les meilleurs. Nous avons beaucoup d’archers, donc forcément nous avons besoin de beaucoup d’entraîneurs.”
En 2006, Oh a obtenu la nationalité australienne pour pouvoir entraîner l’équipe d’Australie, dans le cadre d’un grand exode de l’expertise d’entraînement coréenne qui a commencé à se répandre dans le monde entier dans les années 2000.
Après être retourné en Corée en 2008 pour des études de doctorat, il est devenu entraîneur national junior puis entraîneur de l’équipe professionnelle de la ville d’Ulsan en 2013.
En 2016, il a accepté un contrat pour entraîner l’équipe nationale masculine senior, fraîchement revenue de sa victoire à Rio. Il a repris le poste de Park Chaesoon, qui avait toujours la voix la plus forte sur le terrain de tir.
Mais l’abondance d’entraîneurs de qualité dans le pays veut aussi dire que, de façon unique parmi les nations majeures du tir à l’arc, le règlement de l'Association coréenne de tir à l'arc inclut de faire une nouvelle sélection des entraîneurs d’équipe nationale tous les deux ans.
“Chaque entraîneur effectue deux saisons complètes, qui précèdent les grands championnats. Mon contrat actuel va jusqu’aux Jeux asiatiques. Après cela, je ne suis pas certain [pour Tokyo 2020],” explique Oh.
“Bien sûr il y a un système, mais chaque entraîneur qui arrive amène quelque chose de nouveau, un nouveau plan ou un nouveau système. Cela garde du mouvement.”
Je demande s'il est mieux d’être athlète ou entraîneur. Il sourit.
“Quand j’étais athlète, ça me semblait être la meilleure opportunité de ma vie, et je l’ai saisie. Maintenant c'est une opportunité différente, mais toujours bonne,” a-t-il répondu.
“On fait toujours partie de l’effort pour faire un bon résultat.”
Avec trois des vétérans les plus médaillés de l’histoire parmi les quatre hommes de l’équipe coréenne masculine d’arc classique en 2018, celle-ci est, sur le papier, l’une des meilleures de tous les temps.
“C'est toujours les quatre meilleurs archers [chaque année], et tout le monde [en Corée] a un niveau tellement élevé maintenant. Et nous avons de nouvelles installations [à Jincheon, le nouveau centre coréen d’entraînement olympique] qui sont fantastiques,” raconte Oh.
Les entraîneurs et archers vivent au centre environ 280 jours par an, et rentrent à la maison les week-ends.
“La Corée est vraiment un pays avec quatre saisons, et l’hiver est rigoureux. Avant [à Taerung], on tirait à l’intérieur et à l’extérieur en hiver. Maintenant on peut tirer à 70m à l’intérieur.”
Oh Kyo-Moon reste en première ligne du tir à l’arc coréen, un sport à succès mais élitiste, qui commence à dépasser cette limite:
“Le tir à l’arc est en train de changer en Corée. Bien sûr, on connaît la réussite olympique, mais les chaînes de télévision commencent maintenant à montrer de l’intérêt pour le sport en dehors des Jeux Olympiques et d’Asie. C'est aussi important pour lever des fonds, bien sûr.”
Ma dernière question à cet archer de légende devenu entraîneur est ce qu’il prévoit pour la suite.
“Je ne pense pas vraiment à d’autres métiers. Le tir à l’arc c'est mon métier,” répond-il.
“C'est le travail que je fais.”
La deuxième étape de la Coupe du Monde Hyundai de tir à l’arc a lieu à Antalya, en Turquie du 20 au 26 mai.