Affronter un coéquipier: un moment spécial
Il y avait en effet deux confrontations entre représentants de la même nation dans la compétition féminine d'arc à poulies, avec un match 100% russe et un autre 100% colombien, ainsi qu'un autre 100% français côté masculin.
Affronter un coéquipier au premier tour d'une Finale de Coupe du Monde de tir à l'arc, comme nous allons le découvrir, entraîne des sentiments mitigés.
Tous les intéressés ont dit qu'ils auraient préféré rencontrer quelqu'un d'autre. Mais en même temps, il y la consolation d'avoir au moins un athlète de la nation présent en demi-finale.
“Oui, on est un peu partagé, il y a un côté affectif qui ressort. C'est un adversaire et en même temps c'est un ami en plus, donc ce n'est pas simple,” expliquait Dominique Genet, un peu dépité. Genet a fini par surprendre son coéquipier de l'équipe de France, ami et numéro un mondial, 145-144.
“Ce n'est pas facile,” poursuivait Genet. “Déjà les matchs entre les Français dans des événements de moindre importance c'est pas facile, alors ici c'est spécial.”
Pour son adversaire, Sebastien Peineau, bien qu'affronter Dominique soit désagréable, il admettait que ça pouvait permettre d'avoir peut-être un petit peu moins de stress en quart de finale puisque les deux pouvaient discuter ensemble.
“C'est bon pour le coach,” Dominique d'ajouter. Et bien pour lui, puisqu'après sa victoire du premier tour, c'est lui qui représentera les intérêts français pour la suite de la compétition. Son meilleur résultat en Finale de la Coupe du Monde était jusqu'ici une quatrième place à Paris en 2013.
Pour Sara Lopez, tête de série numéro de la compétition féminine d'arc à poulies, elle ne joue pas un tel événement pour sa gloire personnelle, mais pour offrir une victoire à la nation: “C'est vraiment difficile, car vous voulez gagner mais vous voulez aussi que votre pays gagne. Si vous battez un compatriote, alors votre nation a une chance de moins de l'emporter.”
Selon elle, connaître son adversaire peut être un avantage, car vous savez comment l'autre tire.
Mais en même temps, ça ne rend pas les choses plus faciles, car c'est la même chose pour votre adversaire: “Vous savez comment la battre, mais elle sait aussi comment vous battre!”
Sara avait comme adversaire Alejandra Usquiano samedi matin sur la Place de la Constitution de Mexico. Difficile de pronostiquer un vainqueur avant le match, puisque toutes deux avaient déjà remporter le titre à une précédente Finale de Coupe du Monde: Sara est en effet la championne en titre et Alejandra l'avait emporté un an auparavant à Paris.
“Je pense que ce sera un bon match,” disait Alejandra avant de se présenter sur le terrain. “C'est important que la Colombie soit représentée là-bas, et quelque soit la gagnante, on représentera notre bien du mieux que possible dans les prochains matchs.”
Et ce fut un bon match... pour Sara, qui a réussi trois volées parfaites de 30 points sur les cinq jouées, deux fois 29, pour terminer à deux points du score parfait: 148 contre 140 à Usquiano.
Pour la tête de série numéro 2 Natalia Avdeeva, tirer face à une coéquipière est tout à fait normal, puisqu'elle affronte souvent Mariia Vinogradova dans des compétitions en Russie.
Mais c'est quand même difficile: “J'aimerais que ma coéquipière soit en demi-finale, mais c'est le destin, il faut y aller et tirer.”
“Nous sommes amies et on fait partie de la même équipe, donc c'est vraiment triste,” ajoutait Mariia.
En dépit de la “normalité” de la situation, les deux athlètes russes ont paru très nerveuses sur le terrain. Les deux ont mis des flèches dans le rouge, et Natalia a manqué la cible à sa deuxième flèche de la seconde volée, ce qui lui a fait perdre trop de terrain pour espérer revenir.
La Russe de 27 ans s'est inclinée 135-127. (Des scores faibles pour une compétition d'arc à poulies.)
Aucun des six archers de ces trois matchs n'a dit qu'il s'était préparé autrement que d'habitude.
“Je sais que je dois tirer mes flèches, c'est tout,” expliquait Lopez. “Je ne fais jamais attention aux scores des autres, je fais toujours de mon mieux et j'espère que tout se passera bien.”
Il y aura encore un quart de finale mettant aux prises des athlètes du même pays à Mexico City 2015, quand le triple champion de la Coupe du Monde Brady Ellison et son compatriote américain Collin Klimitchek s'affronteront pour démarrer l'épreuve d'arc classique ce dimanche.