Le blog d’Audrey: Engagée à soutenir des causes qui nous tiennent à cœur
Ce blog est écrit par Audrey Adiceom. Elle nous donne un aperçu de sa vie d’archère d’élite au sein de l’équipe de France de tir à l’arc.
Le mercredi 31 mai 2023 dernier, avec ma sœur de cœur Lisa Barbelin, nous avons accueilli à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) à Paris une quinzaine de femmes ayant souffert d’un cancer.
Ces femmes sont soutenues par Skin, une association qui aide les femmes et les hommes en rémission à se reconstruire à travers l’art et le sport.
L’idée nous est venue en automne dernier à l’occasion du mouvement annuel ‘Octobre rose’. C’est le mois dans l’année où il y a une plus grosse sensibilisation sur le dépistage des cancers féminins, comme le cancer du sein, de l’utérus et autre. C’est le moment où tout le monde sur les réseaux sociaux partage et repartage des posts sur ce sujet.
Ce même mois, Timothée Adolphe, un médaillé paralympique français en athlétisme, postait sur ses réseaux un clip qu’il l’avait réalisé l’année d’avant avec une femme en rémission de cancer. C’est l’association Skin qui les avait fait se rapprocher.
Fondée en 2012 à Paris, Skin vise à créer des binômes avec des personnes en rémission de cancer et des athlètes ou artistes de haut niveau, pour réaliser une collaboration sous forme d’œuvres d’art ou de performances.
L’association propose beaucoup d’ateliers pour ces adhérents.
J’ai proposé à Lisa qu’on fasse quelque chose de différent.
Et si nous faisions quelque chose qui pourrait être utile pour ces femmes?
Re-partager sur Instagram ou Facebook des publications c’est bien, mais est-ce qu’en tant qu’archères de l’équipe de France, nous ne pouvions pas faire plus?
Alors avec Lisa on a commencé à chercher des idées d’activités, de projets.
Fin octobre, nous avons donc pris contact avec la fondatrice et présidente de l’association, Cécile Reboul, à qui nous nous sommes présentés ainsi:
‘Nous sommes deux sportives membres de l’équipe de France de tir à l’arc, soucieuses de soutenir des causes qui nous tiennent à cœur, et nous souhaitions collaborer avec vous.’
Notre projet a pris forme à la mi-novembre avec l’idée de proposer une journée en deux temps, en commençant par une initiation, puis en faisant une table ronde.
Les participants se verraient également offrir un billet pour assister à la Coupe du Monde Hyundai de tir à l’arc de Paris, au stade Charléty en août.
Lisa et moi avons cependant mis un peu de côté ce projet quelques mois pour nous concentrer sur les sélections nationales.
Après la première étape en septembre, la deuxième et la troisième arrivaient à grand pas fin février et mi-mars. Nous terminons première et deuxième du processus de sélection nous permettant ainsi de prendre part au Grand Prix de Lilleshall et aux deux premières étapes de Coupe du Monde à Antalya et Shanghai.
Après cela, nous avons reçu l’accord du directeur technique national, du head coach ainsi que de notre entraîneur pour organiser cette fameuse journée du 31 mai.
L’INSEP a aussi validé le projet en permettant aux membres de l’association d’accéder au site et de rester l’après-midi.
Nous sommes enfin le 31 mai.
Nous avons installé des cibles à courte distance ainsi que préparé les arcs d’initiations. Il y a des chouquettes, des boissons, il fait beau, tous les éléments sont là pour que la journée soit une réussite.
Nous avons commencé par 1h30 d’initiation en commençant par les bases techniques et en terminant par des petits jeux par équipe. Lisa et moi avons ensuite tiré quelques flèches à 70 mètres en démonstration tout en répondant aux questions. Les participantes étaient très curieuses de la mécanique de l’arc et du déroulé de nos entraînements.
Nous avons ensuite enchaîné avec la table ronde, abordant de nombreux sujet. Au début, nous avons orienté le dialogue sur Lisa et moi, notre projet olympique, concilier l’entraînement et le projet professionnel.
Nous avons aussi pu échanger sur nos valeurs communes, dont le dépassement de soi, la gestion des moments difficiles et les rencontres qui nous guident.
Notre passerelle entre nos deux univers a été la cohérence cardiaque, une technique de respiration que nous utilisons pour nous aider à améliorer notre gestion des émotions, notre lucidité et notre concentration. Ces femmes nous ont expliqué qu’elles utilisaient cette technique pendant et après le cancer.
Elles ont parlé à cœur ouvert et c’était vraiment beau. J’étais très émue de ce moment-là.
Aujourd’hui, je m’entraîne tous les jours car je rêve de médailles aux Jeux Olympiques et sur les compétitions internationales. J’ai la chance d’être pensionnaire de l’INSEP et je suis entourée de gens très inspirants par leur palmarès dans leur sport, qui sont passionnés et qui ont le goût de l’effort.
Alors oui, ces personnes sont impressionnantes, mais il en existe aussi en dehors de ce palais du sport français.
Ces femmes que nous avons rencontrées sont des ‘héroïnes du quotidien’, comme le dit Lisa.
J’ai adoré passer cet après-midi toutes ensemble, faire l’initiation, leur apprendre notre sport.
Mais surtout, ce qui était extraordinaire, c’était de voir nos valeurs communes: le partage, les sourires, le plaisir de faire une activité ensemble.
Ces femmes nous ont confié qu’en phase de rémission de cancer leur perception des choses avait évolué.
Prendre plaisir à la réalisation finale c’est bien, mais prendre plaisir à réaliser c’est mieux. C’est l’idée de se rendre compte que je suis en train de faire quelque chose et j’apprécie le moment présent: le plaisir d’être là, d’être avec des gens que tu aimes, d’apprendre, de progresser, d’oser faire les choses.
Je vais retenir longtemps cet après-midi parce que ça a touché sur plein de sujets et de valeurs qui me tiennent à cœur.
Ces femmes étaient très touchantes. Elles ont foi en la vie.
Je remercie l’association d’avoir accepté cette collaboration avec nous, Lisa d’avoir eu envie de vivre une expérience un peu différente, et la Fédération Française de Tir à l’Arc et l’INSEP de nous avoir suivi sur notre ambition.
C’est important pour moi de sentir que nous pouvons faire des projets qui ont du sens.
Aujourd’hui sur les réseaux, je suis beaucoup d’athlètes qui, par leurs médailles olympiques, arrivent à mettre en lumière de belles causes.
Je n’ai pas (encore) de médaille olympique, mais je suis contente de faire rayonner le sport et les valeurs du sport par d’autres moyens.
Je suis hyper reconnaissante de ce moment. C’était beau.
Lisa et moi, nous rêvions de partager un moment avec ces femmes inspirantes.
Images avec l’aimable autorisation de la FFTA.