Le blog d’Audrey: Vivre le rêve olympique à distance

Audrey Adiceom practising at Lausanne 2021 Hyundai Archery World Cup

Ce blog est écrit par Audrey Adiceom. Elle nous donne un aperçu de sa vie d’archère d’élite au sein de l’équipe de France de tir à l’arc.

En tant que cinquième archère de l’équipe de France suite au processus de sélection qui a réduit l’équipe féminine à trois, je n’ai pas assisté aux Championnats d’Europe 2021 à Antalya au début du m mois de juin.

Cette semaine-là, j’en ai profité pour m’entraîner à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP) à Paris et renforcer certains points techniques, notamment la solidité de mes placements et de mes tirs.

J’étais néanmoins investie dans le succès de mon équipe, d’autant plus que l’événement faisait également office de tournoi continental de qualification olympique. Je me suis tout de même fixé de laisser mon téléphone au vestiaire pour ne pas être tentée de vérifier les résultats pendant nos situations collectives de recherche de performance!

Le fait de regarder de loin n’a pas entamé mon enthousiasme pour mes coéquipiers. J’ai fait de mon mieux pour encourager ceux qui était à Antalya, en particulier l’équipe féminine classique, avec qui nous partageons un groupe sur WhatsApp, en les encourageant de loin.

Audrey Adiceom following the continental qualification tournament for Tokyo 2020 from home

Je suis forcément déçue de ne pas être de la partie. Vivre tout ça à distance ce n’est pas ce dont je rêvais en début d’année. Mon travail à moi cette semaine-là consistait à ne pas vivre cette situation comme une punition mais à y voir plutôt une occasion de progression pour les échéances à venir.

J’ai pu aussi prendre un peu de temps pour moi et ça m’a fait un bien fou. Avec mon copain et sa sœur nous sommes partis à Étretat pour le week-end. Il faisait beau, les paysages étaient magnifiques et la vue époustouflante. C’était un vrai régal pour les yeux.

Poser l’arc et changer le jogging pour une tenue de ville le temps de deux jours fut très plaisant. Dans ces moments où les archers du collectif olympique partent en compétition et pas moi, ça fait du bien. Cela m’aide à prendre du recul et à remettre les choses à leur place.

J’ai également pu rentrer chez moi, à Riom, dans le centre de la France j’ai retrouvé mes parents et mes amis du club. Je suis très attachée à mon club, Les Archers Riomois. Ils sont une deuxième famille pour moi. Ils m’ont vu grandir et évoluer vers le haut niveau. C’est toujours très ressourçant de passer du temps avec eux.

Audrey Adiceam taking some rest with friends.

Ce qui était fou, c’est la nuit du jeudi 3 juin au vendredi 4 juin, j’étais super stressée! Comme si j’allais tirer le lendemain les TQO individuels, mon corps avait imprimé que c’était une date importante. Le vendredi matin, j’ai eu du mal à faire quelconque activité constructive. Je rangeais grossièrement ma chambre que je n’avais pas revue depuis deux ans.

Je rafraîchissais les résultats en ligne toutes les deux minutes pour suivre les copains français. Quel stress! Je parlais toute seule dans ma chambre: Ah yes! Ça passe! Oh super, bonne volée! Bon allez là, ne lâche rien, ça joue encore.

À partir des quarts de finale, j’ai pu suivre sur YouTube.

On était au resto avec ma maman. Je peux vous dire que c’est rare que quelque chose soit plus important pour moi que de finir une crêpe norvégienne! Mais là, c’était différent

A cette heure-là, c’était d’abord Mélanie [Gaubil] qui tirait. Elle avait un regard de guerrière, on la sentait au combat. J’ai senti qu’elle avait tout donné, mais cette règle d’un quota par pays est très dure pour cela. J’étais triste pour mon amie, mais persuadée qu’elle saurait se remobiliser pour Paris et le TQO par équipe.

Audrey Adiceom at practice with Melanie Gaubil

Lisa [Barbelin] a été à son image, comme depuis le début de la saison: brillante. Mon cœur battait à mille à l’heure. Que c’était beau. Du tir à l’arc comme on l’aime. C’était très inspirant.

Gagner ce quota signifie beaucoup pour elle, bien sûr, mais aussi pour tous les archers qui soutiennent les Français. Je me sentais comme sur un nuage. J’étais si fière d’elle. C’est une vraie travailleuse avec un état d’esprit rayonnant.

L’après-midi, je suis passée au club et tout le monde suivait les résultats des garçons. Il y avait un certain soulagement qui se ressentait de voir deux Français dans le dernier carré. Jean Charles [Valladont] a assuré. Cela faisait vraiment plaisir à voir. Thomas [Chirault] a été impressionnant (quel match!), mais cela n’a pas suffi contre Mete Gazoz.

Ce soir-là, j’étais fière des archers, fière de mes amis, heureuse pour la France.

Le week-end se déroulait une compétition support de sélection pour les cadets et juniors. Avec quatre copains de l’INSEP, nous avons pu participer aux qualifications le samedi et nous avons fait des matchs entre nous le dimanche. Je réalise 647 et 662 le samedi. Il y avait quelques boulettes qui m’ont coûté cher, mais aussi beaucoup de positif.

Le dimanche sur le chemin du retour dans le mini bus, nous encouragions Lisa qui tirait pour la finale d’or! Pas sûre qu’elle nous ait entendus, mais on avait l’impression d’être avec elle.

Audrey Adiceom shooting at the tirals for cadets and juniors

Pour me préparer à la troisième étape de la Coupe du Monde Hyundai de Paris, j’ai orienté la suite de mes entraînements sur de la recherche de performance un peu plus poussée et de l’automatisation de quelques points techniques.

J’ai pu partir m’entraîner une journée avec les archers du collectif olympique qui étaient en bulle sanitaire en Sologne (à deux heures au sud de Paris). Le but pour moi était de faire de la confrontation directe, mais aussi de revoir mes amis. C’était court mais super. J’ai vraiment apprécié passer du temps avec eux et discuter avec les filles.

Enfin, j’ai pu enchaîner sur mon dernier week-end ressource à Nevers avec ma famille ! Au programme, jeux de société, molki, ping pong, BBQ et du bonheur en barre. Ce genre de week-end où tu rentres le dimanche soir chez toi avec un beau sourire en te souvenant des beaux moments passés ensemble.

Avant darriver à Paris, les entraînements s'étaient plutôt bien passés, et je sentais que mon tir pouvait être très solide. Cela s'est avéré être le cas, puisque nous avons obtenu le bronze à domicile avec Lisa et Angéline [Cohendet].

J’ai hâte de soutenir mes coéquipiers français lorsqu’ils seront à Tokyo!

Images avec l’aimable autorisation de Audrey Adiceom.

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