Jeff Henckels sait apprécier les Jeux Olympiques à leur juste valeur

Jeff Henckels shoots at the 2021 European Grand Prix in Antalya.

Se qualifier pour les Jeux Olympiques est un exploit gigantesque, avec la pression et l’anxiété qui en résulte.

“C’est trop stressant pour y participer tous les quatre ans,” a plaisanté Jeff Henckels depuis son domicile au Luxembourg. “C’est pourquoi je fais une pause entre chaque.”

L’expérimenté archer classique avait participé à ses premiers Jeux Olympiques à Athènes en 2004, à l’âge de 19 ans. Bien que remarquable pour certains, pour Henckels cela avait semblé facile.

“J’ai toujours dit aux gens que j’allais aller aux Jeux Olympiques,” Henckels de confirmer. “Et puis je suis allé en Grèce. Je me disait, ‘tu vois? Ce n’est pas si difficile’.”

Mais il ne s’est pas qualifié pour Beijing et en 2008 il s’est retrouvé à suivre les Jeux de loin. Henckels a alors fait preuve d’humilité. Il a réalisé à quel point il pouvait être difficile de participer aux Jeux Olympiques.

Cette déception a alors contribué à le motiver à s’entraîner encore plus dur. Déterminé à prouver qu’Athènes n’était pas une anomalie dans son CV, il ne considérait plus sa première apparition comme allant de soi.

Huit ans après ses débuts olympiques, Henckels s’est une nouvelle foi retrouvé sur la plus grande scène sportive du monde à Londres, avec une bien meilleure appréciation de ce qu’il faut faire pour être l’un des 128 archers participant à chaque Jeux.

“Le simple fait d’en manquer un vous fait apprécier les autres,” dit-il. “Je pense que cela rend les choses plus spéciales. Vous réalisez que ce n’est pas si facile, que tout le monde n’y arrive pas.”

Jeff Henckels shoots at the Antalya 2021 European Grand Prix.

Neuf ans (et entre-temps les Jeux Olympiques de Rio 2016) se sont écoulés depuis Londres, où Henckel avait été éliminé au premier tour, comme à Athènes. Il a maintenant 36 ans. Beaucoup de choses ont changé au cours des 17 années qui se sont écoulées depuis ses premiers Jeux.

L’année supplémentaire ajouté à ses périodes d’attente de huit ans, pourrait cette fois-ci avoir été une aubaine. En mars 2020, peu après le report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, Henckels a en effet été victime d’un accident de vélo dont il est ressorti avec un ligament déchiré et le cartilage du coude endommagé.

Ces blessures l’ont mis sur la touche pendant sept mois, le temps qu’il se remette d’une intense série d’interventions chirurgicales.

Au début, il ne pouvait tirer qu’avec un arc de débutant alors qu’il tentait peu à peu de se remettre à temps pour participer aux dernières épreuves de qualification pour Tokyo.

“Après tant d’années, il peut être difficile de trouver la motivation pour s’entraîner,” a expliqué Henckels. “Mais après de si nombreux mois, j’étais vraiment excité à l’idée de tirer à nouveau avec mon arc. Ma tête était libre, mon esprit était libre. J’en profitais plus que les années précédentes.”

Revigoré après son accident, l’esprit clair et vide de toute attente, Henckels a démontré qu’il était toujours un concurrent redoutable, réussisant début 2021 quelques-unes meilleures flèches de sa carrière.

Allant même jusqu’à remporter la médaille de bronze au Grand Prix d’Antalya et passant à un point de gagner un quota olympique individuel au même endroit quelques semaines plus tard lors des Championnats d’Europe.

Jeff Henckels shoots at the Baku 2015 European Games.

Avec 682 points, son meilleur score en carrière, lors de la dernière épreuve de qualification pour les Jeux Olympiques, le Luxembourgeois a battu un record national vieux de 20 ans. Tête de série numéro 1 du tournoi,  il semblait pouvoir prolonger son habitude de se qualifier à une édition des Jeux sur deux, mais il échouait en éliminatoires.

Néanmoins, Henckels savait qu’il avait une infime chance d’être invité, car une poignée de quotas étaient susceptibles d’être réattribuées en cas de restitutions de places par certains pays.

Et en effet, ce sont quatre places pour Tokyo qui ont été redistribuées à la Belgique, à l’Estonie, au Luxembourg et à la Malaisie lors de la phase finale de sélection pour le Japon.

En tant qu’archer le mieux classé représentant un pays sans place de quota (33), Henckels en fut l’un des bénéficiaires.

“Au final, personne ne se demande comment tu es arrivé là, du moins je l’espère,” s’en amuse Henckels. “Je n’a pas le sentiment de ne pas le mériter. Je suis désolé pour les gars qui ne peuvent pas y aller, mais il faut avoir la position au classement mondial pour l’obtenir.”

Henckels a déclaré qu’il irait à Tokyo sans aucune attente en tête. Si sa tendance à ne participer qu’à un Jeux sur deux se poursuit, ce qui signifierait qu’il ne participerait pas à ceux de Paris en 2024, il ne reviendrait pas avant 43 ans, âge auquel il ne prévoit pas d’être en mesure de continuer à pratiquer le tir à l’arc en compétition.

Après tout ce qu’il a traversé, pas besoin de lui ajouter plus de stress.

“Je ne ressens pas de pression. Je ressens de l’excitation,” dit-il. “Je vais à Tokyo. J’ai déjà quelque chose à fêter.”

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