Caroline Lopez, la maturité à 20 ans seulement

Caroline Lopez during practice at Paris Olympics.

ATHLETE SPOTLIGHT est présenté par WIAWIS.

Elle dit avoir l’impression de vivre une carrière en accéléré. Modèle de précocité, difficile de croire que l’archère française Caroline Lopez dispute ses premiers Jeux Olympiques, tant son palmarès mondial semble suggérer autrement.

À seulement 20 ans, celle qui entame son programme individuel ce jeudi 1er août 2024 se targue déjà d’une liste de médailles longue comme le bras.

Sa conquête a débuté si jeune, à 17 ans seulement, avec le titre de championne du monde U18 en individuel et par équipe, en 2021. Cette même année, elle remporte également le bronze par équipe aux championnats du monde à Yankton. Pour sa première sélection en équipe de France senior.

De Yankton à Paris, des mondiaux aux Jeux, l’avenir a toujours semblé tout tracé pour Caroline.

Née en Moselle, elle grandit dans le petit village de Cheminot, entre Metz et Nancy. Non loin de Pont-à-Mousson, ville du premier club de cette fille d’archers.

“Mes parents se sont rencontré un arc à la main,” raconte-t-elle. “C’était un chemin tout tracé. J’ai commencé le tir à l’arc à sept ans, j’ai vite accroché. Mes parents ont même repris le tir avec moi!”

Petite, comme bon nombre d’archers avant elle, Caroline est fascinée par les Jeux Olympiques. Ses premiers souvenirs datent de 2012, pour les Jeux de Londres.

“La première fois que j’ai regardé les JO, ce n’était pas du tir à l’arc,” confesse-t-elle. “Je ne tirais que depuis un an, j’avais regardé la cérémonie d’ouverture et elle était incroyable!”

“Je m’étais dit: ‘Wouah, je kifferais être là-bas un jour’.”

The French women team enjoying their home Games.

La jeune mosellane entre à 12 ans au pôle de Compiègne. On est en 2016, l’année où, lors des Jeux de Rio, elle vibre avec les performances de Jean-Charles Valladont, médaillé d’argent en individuel.

“Je me souviens que j’étais chez mes grands-parents, pendant les vacances d’été, devant la petite télé de la cuisine, à regarder la finale de JC.” 

“Il y avait le judo en même temps, alors la réalisation était un coup sur Jean-Charles, un coup ils partaient vers le judo, et j’avais envie de leur crier: ‘Mais revenez sur Jean-Charles!’”

Caroline Lopez reste un an à Compiègne, avant de rejoindre le pôle de Nancy, où elle passe quatre années. Avant d’intégrer l’INSEP, l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, il y a deux ans, où elle retrouve un certain Valladont.

“Je pense que c’est sa médaille dont je me souviendrai le plus, ça a été un tournant dans ma vie d’archère. On était en 2016, juste après je suis rentrée en pôle. Il se pourrait bien que ça m’ait inspirée,” sourit-elle.

“En plus, maintenant, je me retrouve à m’entraîner tous les jours avec lui! Comme quoi, la vie fait parfois bien les choses.”

Alors que Lopez s’engage dans l’armée de Terre française, avec un grade actuel de soldat 1ère classe, elle continue d’agrandir sa collection de médailles, principalement par équipe.

Aux côtés de Lisa Barbelin et Audrey Adiceom, elle devient vice-championne du monde à Berlin en 2023. Puis, toujours avec Lisa, mais aussi Amélie Cordeau cette fois, elle est sacrée championne d’Europe, à Essen, il y a quelques mois.

Il faut dire que pendant toute la préparation aux Jeux de Paris 2024, Caroline a pu trouver nombre de sources de motivation. À l’INSEP, les photos de la médaille d’or de Sébastien Flute aux Jeux de Barcelone en 1992 l’inspirent… tout comme les archers qu’elle croise lors des compétitions internationales.

“Je m’inspire un peu de tout le monde en fait,” assure-t-elle. “Tout le monde a du bon dans sa manière de fonctionner, que ça soit sur la technique, le mental ou même le mode de vie.”

“Ça m’est déjà arrivé de parler des Jeux avec certains Français aussi, Sophie Dodémont par exemple. C’est toujours du bon à prendre. Ça permet de ne pas être surpris, de savoir à quoi on s’attend.”

Caroline Lopez shooting in Paris 2024.

Arrivée à Paris pleine d’ambition et de détermination, Lopez, numéro 43 mondiale, s’est classée 21ème des qualifications. Elle vit déjà pleinement le rêve olympique, chez elle, dans son pays.

“C’est un honneur de pouvoir représenter la France dans le pays dans lequel se déroulent les Jeux. On ne peut pas imaginer mieux, à part gagner une médaille!”

“Pour moi, Paris représente beaucoup de culture. Il y a tellement d’histoire, passée et présente; tellement de musées, de salles de concert, de parcs, d’endroits emblématiques… C’est une ville qui est pleine de ressources.”

Pourtant, la réalité de la compétition s’est vite fait sentir pour les Françaises. La pression, exacerbée par la ville lumière, par les attentes du public tricolore, a peut-être été trop lourde.

Éliminée, avec ses coéquipières françaises et à la surprise générale, dès le premier tour du programme olympique par équipe, Lopez sait qu’elle devra mieux appréhender le facteur stress, à l’instar de ce que relatait hier sa coéquipière Lisa.

“La respiration est très importante,” explique Caroline. “Quand je sens que le stress arrive, je fais de grandes inspirations et expirations, peu importe qu’elles soient régulières ou pas.”

“Même si ça peut paraître bizarre, je me dis: ‘Ce n’est pas maintenant qu’il faut stresser, c’est la prochaine fois’; ou bien: ‘Ce n’est pas grave si tu ne réussis pas, la vie ne s’arrête pas là, il y a la prochaine compétition, donne tout ce que tu peux maintenant et tu verras pour plus tard.’”

“Je me dis ça aussi à chaque volée où je suis menée: ‘Ce n’est pas grave, j’irai chercher la prochaine.’”

“J’essaie de tout prendre à l’instant T, à la minute, la seconde près. J’évite au maximum de me projeter et j’essaie de garder de la confiance.”

Caroline Lopez became European team champion in Essen 2024.

Pour performer au maximum de son talent dans ce programme individuel olympique, Caroline Lopez pourra également s’appuyer sur l’enseignement prodigué par le Coréen Seon Tek Oh.

Arrivé en 2022 pour guider les archers Français jusqu’à Paris, il a fait en sorte que les tricolores gagnent en régularité. Afin que, lorsque survient le stress, les habitudes leur permettent de rester en confiance.

“Souvent, quand je suis dans le dur, que je me sens un peu perdue dans mon tir, je n’hésite pas à me dire: ‘Mais Caroline! N’oublie pas, tu as déjà fait des résultats de fou! Des 10 de malade! Ne t’en fais pas, tu sais toujours tirer à l’arc.’”

“On peut parfois se sentir un peu perdu, mettre du temps à adapter la technique, mais il ne faut pas oublier qu’on sait toujours tirer à l’arc et que tout va bien,” rit-elle.

En tant que Française, porteuse d’espoirs depuis son titre mondial chez les jeunes, l’étudiante en première année de licence d’Histoire veut surtout goûter pleinement ce moment unique dans sa carrière d’archère.

“Faire les JO ici, à Paris, en France, ce ne sera qu’une seule fois. Autant en profiter à fond. Ramener une médaille, ce serait forcément génial, mais il ne faut non plus se mettre la pression et passer à côté de ses Jeux.”

“Je souhaite juste être heureuse dans ce que je fais. Même s’il y a des moments pas faciles, il faut se rendre compte de la chance qu’on a de pouvoir faire ce sport à plein temps.”

“Ce sont les Jeux Olympiques à Paris,” conclut-elle. “Même si suis seule sur le pas de tir, j’arrive avec tout le monde qui m’aura supportée, que ce soient les sponsors, le staff, la famille, les amis… Paris 2024, nous y sommes tous ensemble.”

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