Top 5: Les performances dont on n’a pas assez parlées aux JO de Tokyo

Mackenzie Brown shoots at the Tokyo 2020 Olympic Games.

Des trois médailles d’or de la Coréenne An San à la victoire épique du Turc Mete Gazoz en finale de l’épreuve individuelle masculine, les champions olympiques ont fait l’objet de toutes les attentions à Tokyo, et ce à juste titre.

Une médaille, dans n’importe quel sport et dans n’importe quelle discipline, devrait être célébrée longtemps après que la flamme olympique n’ait été transmise.

Et pourtant, il y a eu d’autres performances moins acclamées qui méritent aussi d’être reconnues, des archers qui ont obtenu des résultats louables, même s’ils n’ont pas atteint les médailles.

Voici cinq archers qui ont de quoi être fiers de leurs Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

1) Takaharu Furukawa

Qui est-il? Quintuple olympien représentant le Japon.

Où a-t-il terminé? Médaille de bronze dans l’épreuve masculine individuelle; médaille de bronze dans l’épreuve masculine par équipe.

Pourquoi figure-t-il sur cette liste? Sous-coté? Mais le vétéran japonais est pourtant reparti avec deux médailles de bronze, non? 

Oui, il l’a fait. Mais la performance de Furukawa mérite tout de même une attention particulière. “Les Jeux Olympiques de Tokyo sont spéciaux pour moi,” a-t-il déclaré. “J’ai entendu dire que l’année de la naissance d’un enfant est une année qui porte chance, et je suis tellement heureux que ce soit vrai.” Le fils de Furukawa est né un peu plus tôt en 2021.

Les archers ont tendance à avoir plus de succès lors de leurs premiers ou seconds Jeux Olympiques. Il s’agissait des cinquièmes pour Furukawa, dont la première participation olympique remontait à 2004, à Athènes. En 2012, il avait remporté l’argent individuel à Londres. À 36 ans, il était l’un des archers les plus âgés sur le terrain à Tokyo et a terminé ces Jeux avec des médailles de bronze par équipe et en individuel. Dans ses matchs, il s’est montré courageux et agressif. Il ne s’est incliné que contre le futur champion, Mete Gazoz, et a fait preuve d’une belle rage de vaincre lors de son dernier match contre Tang Chih-Chun.

Seuls trois autres hommes ont récolté plus d’une médaille dans l’épreuve individuelle: Darrell Pace, Giancarlo Ferrari et Hiroshi Yamamoto. Furukawa est également le premier archer japonais à récolter plusieurs médailles lors d’une seule édition des Jeux Olympiques,- et il n’est que le deuxième archer japonais (après Yamamoto) à remporter plusieurs médailles, toutes catégories confondues.

Après coup, Furukawa a fait preuve de son habituelle discrétion et humilité après de son exploit. Mais c’était quand même juste un peu plus remarquable qu’il n’y paraît.

2) Marlyse Hourtou

Qui est-elle? Archère du Tchad, première participation olympique.

Où a-t-elle terminé? Trente-troisième place dans l’épreuve féminine individuelle.

Pourquoi figure-t-elle sur cette liste? An San, la tête de série numéro 1, semblait soulagée après avoir survécu à ses deux premiers matchs. Le premier, contre la Tchadienne Marlyse Hortou, avait suscité quelques interrogations. L’une des trois athlètes de son pays aux Jeux Olympiques, et une archère qui avait reçu une invitation d’universalité, Hourtou avait peut-être terminé dernière des qualifications, mais l’entraînement qu’elle a reçu comme résidente du World Archery Excellence Centre n’a pas été vain. Marlyse a débuté son match avec une belle série de 28 points pour s’adjuger le premier set, alors que ce qui ressemblait clairement à de la crainte se répandait sur le visage de An.

Le match s’est finalement déroulé comme prévu, bien que les sets suivants de Marlyse (23, 26 et 22) aient été meilleurs que bien d’autres les jours précédents, faisant mentir son score des qualifications. Hourtou a tiré avec un calme et un sang-froid supérieurs à son classement mondial, et peu d’autres archères beaucoup plus expérimentées ont réussi à prendre deux points de set à la future championne olympique coréenne durant cette semaine. 

On a le sentiment que la Tchadienne aurait pu gagner un match ou deux, si elle avait pu faire un peu mieux lors des qualifications. Après son match, elle a rendu hommage à ses entraîneurs et a clairement annoncé: “À partir d’aujourd’hui, je me prépare pour les Jeux Olympiques de Paris. Aujourd’hui, jusqu’en 2024. Je suis prête pour ça, je me prépare dès maintenant.”

3) Ksenia Perova

Qui est-elle? Triple olympienne représentant le Comité olympique russe.

Où a-t-elle terminé? Médaille d’argent dans l’épreuve féminine par équipe; neuvième place dans l’épreuve féminine individuelle.

Pourquoi figure-t-elle sur cette liste? Archère depuis 20 an, Perova fait partie des anciennes. Atteindre les huitièmes de finale est un signe de qualité en soi, et il aura fallu une athlète du calibre de la numéro 1 mondiale Deepika Kumari pour l’écarter du tableau, et ce uniquement dans un barrage, après une belle performance qui a clairement ébranlé la superstar indienne. Ce match s’est joué un tour seulement après la victoire de l’archère olympique russe sur l’ancienne championne du monde Maja Jager en cinq sets.

Si ses scores ne sont pas les plus réguliers en soi, la constance remarquable de Perova quant à son attitude sur la ligne s’est avérée une arme extraordinairement efficace depuis des années dans le peloton de tir à l’arc féminin. Elle lui a offert le titre de championne du monde en 2017, après une médaille d’argent par équipe aux Jeux de Rio en 2016. Perova a mené l’équipe olympique russe vers l’avant dimanche, alors qu’elles faisaient son retour sur la plus grande scène mondiale et se frayaient un chemin devant toutes celles qui n’étaient pas vêtues de blanc.

L’équipe russe de tir à l’arc participe souvent à de vastes camps à l’étranger, et Perova a révélé à la presse après coup qu’elle n’avait pas vu sa famille depuis le début du mois de mars, avant de féliciter Kumari pour son travail acharné. De nombreux archers ont fait preuve d’attitudes positives hors du pas de tir devant la presse, mais aucun n’a montré autant de bienveillance envers son adversaire que Perova.

4) Florian Unruh

Qui est-elle? Archer allemand, première participation olympique.

Où a-t-elle terminé? Cinquième place dans l’épreuve masculine individuelle.

Pourquoi figure-t-elle sur cette liste? Le géant tueur de géants. Alors que Florian avait tranquillement accumulé les places dans le top 10 durant toute l’année, il est vrai que personne ne s’attendait à ce qu’il batte le favori du moment Kim Je Deok lors de leur affrontement au deuxième tour à Tokyo. Mais c’est exactement ce qui s’est passé. L’Allemand a su garder son calme et exploiter une petite défaillance du Coréen.

J’ai vu son premier match, et il a aussi tiré des 8, et je me suis dit, ‘ok, quand il fait des 8, je dois tout mettre dans le jaune, et gagner des sets,” a déclaré Unruh. “La seule chose que je peux contrôler, ce sont mes propres tirs. Si j’ai une opportunité et que je fais un mauvais tir, et que je laisse passer cette opportunité, c’est ma faute. Donc, s’il m’offre des opportunités, je dois les saisir, et c’est ce que j’ai fait aujourd’hui.”

Ce n’était pas la première fois qu’Unruh tuait un géant; il avait battu Brady Ellison lors des Finales des Indoor World Series à Las Vegas en 2020.

En éliminant Kim à Tokyo, Unruh s’est qualifié pour les huitièmes de finale où il a affronté Crispin Duenas, qu’il a facilement éliminé pour se retrouver en quart de finale contre Mauro Nespoli. Il a dû s’avoué vaincu 6-4 face à l’Italien, bien que les deux archers aient marqué exactement le même nombre de points au total. Unruh, calme, droit et réservé, n’est pas du genre à faire de grandes démonstrations les poings levés, mais ses performances à Tokyo méritent probablement un grand coup de chapeau.

5) Mackenzie Brown

Qui est-elle? Double olympienne représentant les États-Unis.

Où a-t-elle terminé? Quatrième place dans l’épreuve féminine individuelle.

Pourquoi figure-t-elle sur cette liste? Après des hauts et des bas ces dernières années, celle qui avait percé dans le monde du tir à l’arc avec des performances étonnantes avant les Jeux de Rio 2016 est revenue en forme cette années pour conduire l’équipe féminine américaine vers un quota complet le mois dernier à Paris. Elle a terminé à une belle cinquième place lors des qualifications à Tokyo.

C’est dans la compétition individuelle qu’elle s’est distinguée, en battant Lin Chia-En du Chinese Taipei au troisième tour, puis Alejandra Valencia dans un barrage des plus serrés. Grâce à ces performances, Brown a atteint le dernier carré, où elle a affronté la tête de série numéro 1, An San. Dans cette demi-finale qui s’est jouée en cinq sets, l’Américaine n’a pas mis une seule flèche en dehors du jaune. Elle a poussé la future championne vers un tie-break, mais n’a pas réussi à s’imposer. Elle a ensuite bien commencé son match pour le bronze contre Lucilla Boari, avant de s’incliner également face à l’Italienne.

Si la finale féminine entre An San et Elena Osipova n’était pas aussi devenu un classique, la demi-finale de Brown serait probablement considérée comme la finale avant l’heure.

Ce fut, sans aucun doute, la démonstration de tir de haut niveau la plus régulière de toute la semaine, malheureusement pas récompensée par une médaille. Jamais la quatrième n’a autant mérité une place sur le podium. Et c’est un résultat d’autant plus remarquable, si l’on considère qu’il y a quelques semaines à peine, elle n’était même pas qualifiée pour ces Jeux.

L’équipe américaine de tir à l’arc a quitté Tokyo sans médaille pour la première fois depuis 2008. Mais personne dans l’équipe n’a été aussi proche du but que Mackenzie Brown.

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