Guillaume Toucoullet: De l’aviron au tir à l’arc et les Jeux Paralympiques dans le viseur
À 35 ans, Guillaume Toucoullet est encore un novice dans le monde de la para-archerie.
Le Français tire à l’arc depuis moins de quatre ans mais est déjà monté sur le podium de plusieurs étapes de la Coupe d’Europe de Para-archerie. Il a même terminé deuxième des dernières finales tenues en Août 2019 à Wiesbaden, en Allemagne – un dénouement impressionnant pour ses débuts sur le circuit international.
“Je pense que j’ai eu de si bons résultats aussi tôt car j’écoute mes entraîneurs, je suis déterminé et assez perfectionniste, peut-être même trop,” explique Guillaume.
“Je suis en constante recherche de satisfaction -aussi bien dans le ressenti que dans la technique. Je pars du principe que rien n’est jamais fini, que tout peut arriver. Je n’abandonne jamais et je reste concentré, dans ma bulle jusqu’au bout.”
Le sport a toujours fait partie de la vie de Guillaume. Il a pratiqué la pelote basque de six ans jusqu’à ses quatorze ans, puis s’est dédié à l’aviron jusqu’en 2010.
Ce fut l’année où survint son accident de moto.
Il dut passer par de nombreux mois rythmés par les opérations et la rééducation – mais son bras gauche demeura paralysé. Toutefois, à peine 12 mois après sa blessure, il était à nouveau sur un bateau avec pour but de reprendre la compétition en para-aviron.
“Le sport m’a permis de rebondir et d’accepter mon handicap,” raconte-t-il. “J’ai intégré le programme de haute performance avec ma discipline de prédilection.”
Sélectionné en équipe de France de para-aviron en 2013, Guillaume est également sacré champion de France en 2014 et 2015.
Guillaume de découvrit le tir à l’arc qu’en 2017, par hasard, et il se prit rapidement de passion pour ce sport.
“J’aime le tir à l’arc parce que c’est un sport qui demande beaucoup de concentration et de précision. C’est très exigeant au niveau de la précision technique, mais aussi dans les réglages de l’arc et son entretien,” expose-t-il.
“Ce que j’aime par-dessus tout, c’est l’objet, l’arc en lui-même et la façon dont il réagit. Ensuite, il y a aussi la sensation du tir, même si ça m’a pris un peu de temps pour l’apprécier à sa juste valeur.”
Le manque d’activité physique et de dépense d’énergie de l’archerie, comparé à l’aviron, fut d’abord un frein. Au début, il s’entraînait trop dur -forçant trop les choses. À présent, il dépense cet excès d’énergie dans d’autres sports.
L’approche du tir de Guillaume est plus sereine. Il écoute, tente toujours d’apprendre.
“Ce sont deux sports très différents. L’aviron est plus basé sur la cohésion d’équipe, le tir à l’arc est plus individuel,” explique-t-il. “Mais même si je tire seul, je dois conserver cet esprit d’équipe en sélection. Surtout, il faut que je crée cette équipe avec mon coach.”
Faute de pouvoir utiliser son bras gauche, Guillaume tend la corde avec sa bouche. Il n’est pas le seul -d’autres para-archers en font de même- mais l’étendue des connaissances et de l’expertise dans ce type de technique n’est pas au même stade que le tir traditionnel.
Il a donc développé son propre style, aidé de son entraîneur. Ils travaillent en binôme, analysant les sensations et les résultats pour tenter de l’améliorer.
Un an seulement après que Guillaume a commencé à tirer à l’arc, il devient champion de France en salle et en extérieur, avec un record national à la clé sur 18 mètres, établi à 583 points.
“Et me voilà à présent, mordu de tir à l’arc, avec la volonté d’apprendre et de ressentir cette euphorie sur le pas de tir,” s’enthousiasme-t-il.
Ses débuts sur la scène internationale, pour la première étape de la Coupe d’Europe de para-archerie en mais 2019 en Italie, l’ont vu s’emparer de l’argent en individuel et de l’or par équipe. Puis, il s’adjugea deux autres médailles, une en bronze en individuel, une en argent par équipe lors de la deuxième étape en République tchèque.
Avant de conclure sa saison, lors des finales du circuit en août, avec une prometteuse deuxième place.
Guillaume a également participé aux Para-championnats du monde World Archery 2019 et s’est classé 20ème au classement mondial de la catégorie Open arc classique chez les hommes.
“Ces bons résultats m’ont rendu encore plus déterminé,” assure-t-il. “Mon choix était le bon. Et maintenant, j’ai de nouveaux objectifs.”
Tokyo 2020 en est un. Qui arrive dans un peu moins de 6 mois. Mais le plus excitant sera probablement dans quatre ans, avec les Jeux paralympiques qui se tiendront en France.
Et pour Paris 2024, une question nous taraude: y verra-t-on Guillaume?
Images publiées avec l’aimable autorisation de la Fédération allemande de tir, de la Fédération française et de Guillaume Toucoullet.