Richard JOHNSON (USA) : “Atlanta 1996 est un souvenir que je garderai précieusement le restant de ma vie”


Ta dernière apparition sur une compétition internationale remonte à la Coupe d’Arizona au mois de mars 2012. Cherchais-tu à obtenir une sélection pour les Jeux Olympiques de Londres ?   J’avais déjà participé à la première des trois épreuves de sélection pour les Jeux Olympiques et j’occupais la troisième place provisoire. J'avais pour objectif de démarrer la saison en plein air par une bonne performance. Les Etats-Unis organisent chaque année entre 4 et 5 événements nationaux de tir en plein air où se retrouvent les meilleurs athlètes. En 2012, mon objectif était de m’entraîner et de concourir à un haut niveau, notamment aux sélections olympiques américaines d’avril et de juin, en espérant me qualifier. Mon deuxième objectif était de remonter au classement national, dans le but de rejoindre l’équipe nationale pour la Coupe du Monde 2013. Il y a un certain nombre de raisons à ma non-qualification pour les Jeux Olympiques de Londres. En premier lieu, les trois archers qualifiés ont simplement mieux tiré que moi lors des deuxième et troisième épreuves de sélection. Bien que je me sois entraîné avec persévérance, j'ai connu des difficultés lors de la deuxième sélection, et n'ai pas pu revenir au classement. Une fois les sélections achevées, j’ai réalisé qu’un changement involontaire s'était peu à peu installé dans ma technique de tir. Quand j’ai corrigé le problème, il était trop tard pour me qualifier dans l’équipe olympique. J’ai tout de même terminé notre championnat national à la 4e place du classement avec un score de 1345 points en épreuve FITA. Cela a suffi pour me qualifier pour les premières manches de la Coupe du Monde 2013.  Tu as participé à cinq éditions des Jeux Olympiques. Quel est ton meilleur souvenir?   J’ai participé aux Jeux Olympiques de 1992, 1996, 2000, 2004 et 2008. Mon meilleur souvenir reste de loin notre victoire par équipe à Atlanta en 1996 avec Justin HUISH et Rodney WHITE. Tirer comme nous l’avons fait, sous une pression intense, et entendre la clameur des fans américains quand nous avons remporté la médaille d’or resteront un souvenir que je garderai précieusement le restant de ma vie. La fierté d’avoir gagné la médaille d’or pour mon pays est indescriptible.   Revenons à la finale par équipes des Jeux d’Atlanta que vous avez disputée contre la Corée: il y a eu cette dernière flèche américaine incertaine, et un 6 inattendu de la part du Coréen KIM Bo Ram à la dernière volée. Quelle était l’ambiance au sein de votre équipe ?   Nous étions tendus. On sentait que notre flèche touchait le cordon mais on ne peut jamais être sûr. Sur le coup, nous n’avons pas réalisé que l’une des flèches des Coréens ne touchait pas le cordon; nous nous sommes donc concentrés pour préparer un tir de barrage. Quand l’affichage des scores a été mis à jour, nous avons sauté de joie. C’est un sentiment incroyable que de représenter l’équipe des Etats-Unis sur la plus haute marche d'un podium olympique. C’était un grand honneur pour moi, et ce sentiment d’excitation mêlé à de la fierté restera comme l’un des meilleurs moments de ma vie.   Après une carrière aussi longue, qu’est-ce qui te pousse à continuer la compétition ?   J’aime encore le tir à l’arc. J’ai toujours dit que si je n'avais plus de plaisir, j’arrêterais. Quarante-deux ans plus tard, je fais encore de la compétition et le plaisir est toujours là. Je pense que le fait d’avoir tiré à l’arc à poulies en décoche manuelle pendant plusieurs années m’a aidé pour passer à l’arc classique. Je participe parfois à quelques compétitions d’arc à poulies pour le plaisir. Même si je m’entraîne dur, je ne fais pas que cela. Je m’entraîne à la maison, j’ai un travail et d’autres activités que j’aime, comme la moto et m’occuper de ma maison. Ce qui veut dire que je trouve encore le plaisir à m’entraîner et à participer à des tournois avec des amis.   As-tu suivi à la télévision l'aventure de Brady ELLISON, Jake KAMINSKI et Jacob WUKIE à Londres, et que penses-tu de la médaille d'argent qu'ils ont obtenue par équipe? ?   Oui, j’ai été très heureux pour l’équipe après sa victoire âprement remportée en demi-finale. Même si je n’étais pas présent avec eux, je l’étais par la pensée et j’aurais été très fier de revenir à la maison avec une médaille olympique, indépendamment de son métal. Ça aurait été incroyable de voir la médaille d’or revenir aux Etats-Unis après tant d’années, mais je suis fier d’eux et ils doivent être fiers d’eux-mêmes.   R. JOHNSON (au centre) avec ses coéquipiers d'Atlanta 1996 J. HUISH (à g.) et R. WHITE On peut dire que tous les quinze ans, les Etats-Unis produisent des archers exceptionnels. L’histoire a démarré avec John WILLIAMS (première médaille d’or olympique en cinquante-deux ans, lors de la réintroduction du tir à l'arc aux Jeux de Munich en 1972), puis Darrell PACE, Rick MCKINNEY, Ed ELIASON, Jay BARRS, toi-même, Justin HUISH et maintenant Brady ELLISON… Selon toi, qu’est-ce qui fait la qualité de ces archers ?   Je pense que le sport produit parfois des archers ayant une combinaison de talent naturel, de motivation pour bien faire, de volonté de faire fructifier leur travail acharné et de toute la détermination nécessaire pour être fort. Un archer obtenant des succès engrange de la confiance, ce qui peut l'aider à obtenir de nouveaux succès. En outre, chaque génération d'archers peut inspirer la suivante.   Penses-tu que le tir à l’arc vit son moment de gloire de par l’intérêt grandissant des médias et sa présence dans les films et les publicités? Ou est-ce peut-être le prélude d’un avenir encore meilleur ?   Je pense et j’espère qu’il s’agit du commencement. Après les Jeux Olympiques de 1996, l’intérêt pour le tir à l’arc avait fortement augmenté, mais sans toutefois jamais atteindre le niveau de 2012. Je pense que des films comme The Hunger Games, au même titre que la médaille d’argent remportée par l’équipe olympique américaine, font du bien à notre sport. Je  travaille dans un magasin de matériel de tir à l’arc et suis également entraîneur, et nous sommes débordés par les demandes de cours pour les jeunes.   Jean-Denis GITTON