Grimper au classement mondial après la pandémie

Atanu Das shoots at the first stage of the 2021 Hyundai Archery World Cup in Guatemala City.

Visitez la page des classements du site web du World Archery (publiés toutes les deux semaines et après les grands tournois internationaux) et voyez combien de temps il vous faut pour trouver votre nom.

Le temps de défilement peut être révélateur.

“Si vous êtes au-delà du 20e rang ou même encore plus loin, vous devrez continuer à charger trois ou quatre fois,” a récemment observé l’archer classique indien Atanu Das. “Ce n’est pas beau à voir. On se dit, ‘Je suis si mauvais que ça?’ Ok, je ferais mieux de continuer à travailler’.”

Gelées pendant un an suite à l’interruption des compétitions en raison du COVID-19, les listes du classement mondial ont connu des fluctuations importantes depuis le 1er arvril dernier et le retour de la saison en plein air. Les points de classement sont attribués en fonction du niveau de l’épreuve, du niveau moyen des participants et du temps écoulé depuis que la compétition a eu lieu.

Après une année mouvementée sans événements internationaux, les archers peuvent à nouveau évaluer leurs progrès au-delà de leur propre entraînement interne et se comparer directement aux meilleurs.

“Durant la période de confinement, j’ai senti que je m’améliorais, mais il n’y avait pas de paramètre ou de score pour le mesurer,” dit Das, qui est passé de la 38e à la 11e place grâce à sa victoire lors de la première étape de la Coupe du Monde Hyundai de tir à l’arc 2021 à Guatemala City.

“J’étais très excité, et j’avais un peu peur aussi, parce que je ne savais pas comment ça allait se passer,” ajoute-t-il. “Il y avait beaucoup d’inconnues. Maintenant que l’événement est terminé et que les résultats sont tombés, je peux voir que je suis sur la bonne voie et continuer à travailler pour m’améliorer au plus haut niveau de mon potentiel.”

The French recurve women take a moment to celebrate at the second stage of the 2021 Hyundai Archery World Cup in Lausanne.

Résistant à l’envie de lever le pied et de baisser de niveau pendant la pandémie, la victoire de Das le mois dernier a confirmé ses progrès dans un contexte d’incertitude. Mais un seul tournoi ne suffit pas pour évaluer les capacités d’un archer.

Plutôt que de mesurer le succès sur la base d’un seul événement, le classement mondial constituent peut-être un indicateur plus fiable.

Surtout dans un sport où les victoires et les défaites peuvent se jouer sur la plus petite des marges.

“Le classement mondial c’est comme une grande compétition qui montre la régularité dans le temps,” explique la Française Lisa Barbelin, qui a grimpé de la 34e à la 8e place mondiale en arc classique féminin en moins de deux mois. “Ce n’est pas juste une flèche, ce n’est pas juste un match. C’est chaque jour, chaque compétition qui compte.”

Gagner, c’est bien, évidemment, mais le classement mondial récompense plus que juste des victoires. Il suffit de demander à Nicholas D’AmourL’archer des Îles Vierges américaines a fait son entrée dans le top 10 du dernier classement en arc classique masculin après avoir atteint le dernier carré lors de la deuxième étape du circuit international à Lausanne, faisant un bond de dix places par rapport à son précédent meilleur classement (20e) obtenu deux semaines plus tôt. 

La position actuelle de Nicholas est bien loin de son classement du 20 mars dernier où il pointait encore au 196e rang mondial, avant que les listes ne soient dégelées. Et il doit son bond en avant à une série de très beaux parcours et à des podiums dans des tournois de classement mondial comme le Grand Prix européen plus tôt cette année à Antalya (un événement ouvert à tous malgré sa dénomination). En pleine confiance, le jeune homme de 19 ans attendait le retour des compétitions avec impatience afin que ses pairs puissent constater ses progrès par eux-mêmes.

“C’était vraiment sympa quand les choses ont commencé à s’ouvrir, parce que je savais que j’avais beaucoup progressé et je voulais le montrer au monde entier avec mon entraîneur derrière moi,” explique D’Amour.

Nicholas D'Amour prepares to shoot at the second stage of the 2021 Hyundai Archery World Cup in Lausanne.

Pour d’autres, la découverte de leur nom en haut de classement a nécessité quelques ajustements. Nora Valdez étaient arrivée à la première étape de Coupe du Monde au Guatemala comme la moins capée de l’armada colombienne en arc à poulies. Mais après sa victoire aux Championnats panaméricains, elle a poursuivi sur sa lancée avec une deuxième médaille d’or majeure, ce qui l’a fait avancer de la 32e à la 9e place.

“C’est comme un rêve qui devient réalité,” explique Valdez. “J’ai toujours dit que je voulais être parmi les dix meilleurs archères du monde, et maintenant j’en fais partie. C’est comme, ‘wow! Quand est-ce que c’est arrivé?’”

La Colombienne n’a pas fait le voyage Lausanne, ce qui l’a fait perdre une place. Elle ne pourra pas non plus concourir aux Championnats d’Europe (réservés aux nations du continent) qui débutent mardi à Antalya, tout comme de nombreuses nations asiatiques ont choisi de ne pas participer à des compétitions majeures cette année par mesure de précaution. Ces absences majeures faussent un peu les choses, bien sûr.

“Je pense que [les classements] comptent quand même,” l’une des deux Colombiennes dans le top 10 aux côtés de Sara Lopez. “Cela affirme notre place dans le sport et montre à notre pays et au gouvernement que nous avons beaucoup à leur apporter en retour.”

“Nous en valons le coup,” dit-elle. “Cela vaut absolument la peine de nous envoyer à ces compétitions.”

Sur le plan individuel, ce seul chiffre signifie l’ascension de Valdez au rang de favorite, plutôt que simplement numéro trois de l’équipe, et a servi de preuve tangible que sa façon de s’entraîner fonctionne bien. La pandémie a durement touché son pays et sa famille. Avoir non seulement pu résister à la tempête, mais également connaître un succès aussi rapide, sont particulièrement gratifiants pour elle.

“C’est vraiment satisfaisant d’être reconnue pour mes résultats individuels et de montrer que je peux donner beaucoup plus à l’équipe qu’auparavant,” ajoute Valdez. “Petit à petit, tout le travail acharné commence à porter ses fruits.”

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