D’un arc en bois jusqu’à la Coupe du Monde Hyundai de tir à l’arc

Mujahid Adam shoots during the second stage of the Hyundai Archery World Cup in 2021.

Lorsque les archers ont pris place sur le pas de tir pour les qualifications mardi, on pouvait apercevoir quelques visages inhabituels sur le circuit. Parmi eux, et juste à côté du célèbre Brady Ellison, se tenait Mujahid Adam.

L’archer soudanais de 33 ans faisait son retour sur la Coupe du Monde Hyundai de tir à l’arc après sept ans d’absence. Il avait déjà participé à une étape en 2014, mais plus jamais depuis, jusqu’à cette semaine.

Cette histoire, ce n’est pas celle d’un premier de classement, puisqu’il a terminé dernier de l’épreuve des 72 flèches à 70 mètres en arc classique masculin avec son score de 556 points. Mais c’est le long et sinueux chemin de Mujahid jusqu’à la ligne de départ. L’archer soudanais avait en effet commencé avec arc en bois avant de se retrouver quelques années plus tard à la Coupe du Monde.

“J’ai commencé le tir à l’arc en 2008 dans une région du Soudan appelée Gezira. À l’époque, j’étais le seul archer. J’ai tiré avec un arc traditionnel pendant deux ans. Je me suis bien amusé,” a-t- expliqué.

“Après la création de notre fédération, je suis devenu entraîneur et j’ai essayé d’apprendre aux gens. Personne ne connaissait rien au tir à l’arc. Je devais tout leur expliquer. Cela me rendait heureux et me motivait.”

Sur place, ils ont dû tout construire à partir de rien. Il n’y avait aucun matériel professionnel. Tout ce qu’ils utilisaient, ils le fabriquaient eux-mêmes.

“On a tiré avec des arcs en bois pendant trois ans. Et on a d’abord utilisé des cibles naturelles. Puis on a commencé à fabriquer les nôtres. Le développement s’est fait étape par étape. Au début, personne ne pensait qu’on atteindrait un tel niveau. Et on espère bien aller plus loin.”

Un tel dévouement a contribué au développement du tir à l'arc dans sa patrie.

On compte désormais quelques athlètes soudanais sur la scène internationale, même si leur apparition n'est pas encore très fréquente. Trois d'entre eux ont d'ailleurs représenté le pays lors des Jeux africains de 2019 à Rabat, au Maroc. Le compatriote d'Adam, Mahmoud Abdelwahab, a également pris part aux Championnats du Monde Hyundai de tir à l'arc 2019 et fut, pendant un certain temps, athlète résident au World Archery Excellence Centre, site qui accueille l'événement cette semaine.

“J'étais le premier à tirer au niveau international. Maintenant, plus de gens participent,” a ajouté Mujahid.

Les Jeux Olympiques, ce serait la grande étape pour le tir à l'arc soudanais. Et il veut écrire cette histoire.

“Je suis venu ici pour représenter mon pays. Je travaille et j'ai pour objectif d'aller aux Jeux Olympiques. J'ai très bien travaillé pendant trois ans,” dit-il.

C'est l'obtention d'un poste d'entraîneur de tir à l'arc à Dubaï qui a ravivé ses propres rêves de compétition.

“Le tir à l'arc a besoin de soutien et d'un bon plan. Nous avons préparé le plan mais nous avions besoin de soutien. J'y suis allé pour travailler mais je continuais à tirer. J'ai fait cela à temps partiel. Puis je me suis rendu aux Émirats arabes unis,” explique-t-il.

“C'est ma passion. J'adore tirer, mais il faut aussi travailler. C'est un peu difficile, mais j'ai une bonne équipe autour de moi. Et maintenant, je dois représenter mon pays et suivre mon objectif de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ou de Paris 2024.”

À Lausanne, le Soudanais a fait, si l'on peut dire, ses débuts en Coupe du Monde pour la deuxième fois. Sa performance, bien que pas encore de très haut niveau, s'est beaucoup améliorée par rapport à celle d'il y a sept ans. Et même si c'est peut-être peu probable, Mujahid tentera de gagner une place de quota olympique à Paris le mois prochain. Si cela ne se fait pas pour Tokyo 2020, il essaiera à nouveau dans trois ans.

“Je vais me battre. Pas question d'arrêter! Si vous avez un rêve, vous devez vous battre pour cela,” conclut-il.

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