Gizem GIRISMEN: “Etre porte-drapeau était une occasion unique”

Elle ressemble à tous les athlètes paralympiques que nous avons rencontrés: souriante, joyeuse, concentrée. Peut-être encore plus que les autres, elle qui a été la porte-drapeau de l’équipe de Turquie à la Cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques il y a quelques jours. Championne paralympique en titre de la catégorie arc classique W1/W2 (chaise roulante), elle est candidate au Conseil des athlètes du Comité International Paralympique (IPC).

Son idole est la championne olympique de Sydney 2000 YUN Mi Jin (Corée). “J’aimais tellement son style, sa technique, c’était ma source d’inspiration.” L’athlète turque est très active en dehors du tir à l’arc. Elle adore faire de la plongée sous-marine dans la mer Méditerranée, et… son travail. Après des études d’économie d’entreprise, elle travaille pour le Ministère de l’environnement et de l’organisation et va bientôt entreprendre un Master en politique sociale. Nous l’avons rencontrée après son premier match des Jeux de Londres.
    
Porte-drapeau à la Cérémonie d’ouverture, cela doit être une sacrée expérience? C’est vraiment une occasion unique! J’étais tellement excitée que je n’ai rien vu, ni personne, pendant le tour avec le drapeau. C’était un tel honneur, quelque chose que chaque athlète aimerait pouvoir expérimenter au moins une fois!
    Ça a dû être difficile de tirer le tour de classement le jour suivant? Mon dos me faisait peut-être un peu mal après la cérémonie, mais je n’aurais de toute façon pas renoncé à être porte-drapeau. Le plus difficile, au cours des qualifications jeudi, c’était le mauvais temps. La pluie, un vent violent et une température de plus en plus fraîche. Je grelottais à la fin de la compétition, ce qui a affecté mon tir.
   Comment s’est passé ton premier tour d’élimination vendredi? Je me sentais mieux. J’ai tiré contre la Britannique Kate MURRAY, je me réjouissais de tirer contre une athlète du pays hôte. Il y avait une ambiance incroyable dans le stade et c’était sympa! Mais je devais rester concentrée sur ma technique. Je me sentais bien dans ce stade, j’espère que ce sera encore mieux par la suite!
    
Ta prochaine adversaire, l’Iranienne Zahra NEMATI, semble être en très grande forme, elle qui a battu un nouveau record paralympique en qualifications. J’ai énormément de respect pour elle. Non seulement elle a accompli une magnifique performance en qualifications, mais elle est aussi détentrice du record du monde. Cela dit, je respecte toutes les archères sur le terrain, qu’elles soient no 1 ou no 64. Nous sommes toutes des athlètes. Je devrai avant tout me concentrer sur mon tir et ma qualité d’exécution. Je pense que je suis capable de très bien tirer et de battre n’importe qui.
    Après tout, tu es la championne paralympique en titre. Quels sont tes souvenirs de Beijing? C’est fomidable d’être championne paralympique! Il y a un proverbe qui dit que “quand on est une fois champion, on l’est pour toujours”. Personne ne pourra m’enlever ça. Cela dit, j’aimerais pouvoir prouver ma valeur encore une fois. Après ma victoire aux Jeux de Beijing, c’est en rentrant en Turquie que j’ai vraiment réalisé ce que ça signifiait. J’ai pu partager ça avec ma famille, mes amis et tous ceux qui m’ont soutenue. C’était fantastique de voir ce que ça signifiait pour eux, et pour moi c’était très important de partager ces moments avec eux. En Turquie certaines organisations m’ont également reconnue comme sportive de l’année, c’était une très belle manière de faire connaître le sport pour handicapés.
   Est-ce que quelqu’un est venu te soutenir à Londres? Mon frère et un ami qui vivent à Londres sont venus au stade!
    Après Beijing, tu as gagné le titre mondial en 2009, mais tes résultats ont été plus discrets en 2010 et 2011. Que s’est-il passé? J’ai subi une opération en 2010 et n’ai pas pu tirer en compétition. Je considère 2011 comme mon année de récupération. Cette année, j’ai très bien tiré. J’ai battu mon record personnel récemment à un camp d’entraînement en Turquie.
   Qu’est-ce qui te motive à être candidate au Comité des Athlètes de l’IPC? L’IPC, tout comme le Comité International Olympique, est une organisation qui doit promouvoir le sport, et les athlètes ont un grand rôle à jouer. J’aimerais faire mieux entendre la voix des athlètes. Je suis passée par tous les stades de la vie sportive, du niveau débutant à celui d’athlète d’élite. Je connais les défis auxquels il faut faire face, et j’aimerais partager mon expérience.
   Quelle serait ta priorité si tu étais élue? J’aimerais promouvoir l’activité sportive pour un plus grand nombre de personnes handicapées. J’estime que nous sommes privilégiés, nous qui sommes à Londres. Nous faisons du sport depuis longtemps, mais tout le monde n’a pas cette chance. J’aimerais faire quelque chose pour qu’un plus grand nombre de handicapés aient la possibilité de faire du sport.
   Tu ferais une bonne ambassadrice internationale, toi qui semble très bien t’entendre avec les archers des autres pays. Il y a une très bonne ambiance dans le tir à l’arc. Je parle plusieurs langues, et ça aide. Ma mère était professeur d’anglais et j’ai été scolarisée en Turquie dans une école française. J’aime aussi beaucoup l’italien, même si je ne le parle qu’un tout petit peu (sourire).
   Nous te souhaitons le meilleur sur et en dehors du terrain! Merci!

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